Home > Actualités > LA COTE D’IVOIRE BOUSCULE L’ORDRE MONDIAL DU CAJOU

Longtemps simple exportatrice de noix brutes vers l’Inde et le Vietnam, la Côte d’Ivoire a opéré en moins d’une décennie une révolution silencieuse.

Cette transformation est portée par une volonté politique affirmée à travers la Loi n°2013-656 du 13 septembre 2013 fixant les règles relatives à la commercialisation du coton et de l’anacarde et à la régulation des activités des filières coton et anacarde en Côte d’Ivoire.

Cette vision stratégique, mise en œuvre par le Conseil du Coton et de l’Anacarde (CCA) depuis janvier 2014 sous l’impulsion du Ministère d’Etat, Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et des Productions Vivrières, a contribué significativement à la mise en place d’une industrialisation accélérée et l’émergence d’une filière locale intégrée.

Ainsi, cette stratégie industrielle redessine aujourd’hui la carte mondiale de la transformation des noix de cajou et impose la Côte d’Ivoire, comme un acteur incontournable du commerce international des amandes du cajou.

  • UN GEANT AFRICAIN EN PLEINE MUTATION

Première productrice mondiale de noix de cajou depuis 2021 avec près de 1,3 million de tonnes par an, la Côte d’Ivoire n’entend plus se contenter du rôle de fournisseur de matière première.

En 2013, moins de 7 % des volumes produits étaient transformés localement. Dix ans plus tard, ce taux dépasse 30 %, grâce à une stratégie nationale audacieuse du Gouvernement ivoirien appuyée par des incitations fiscales à destination des industriels.

L’objectif affiché : atteindre 50 % de transformation locale d’ici 2026, un défi à la hauteur des ambitions ivoiriennes d’intégrer les chaînes de valeur mondiales sur un pied d’égalité.

  • UN MODELE INDUSTRIEL TOURNE VERS L’EXPORT DE VALEUR AJOUTEE

En 2025, le pays enregistre environ 36 unités de transformation de noix de cajou avec une capacité estimée à 350 000 tonnes. Les usines sont implantées En plus d’Abidjan, la majorité des usines sont installées dans les zones de production, Bouaké, Bondoukou, Boundiali, Dimbokro, Korhogo, Séguéla, Odienné, Toumodi, Yamoussoukro. Ces unités industrielles créent des milliers d’emplois destinés majoritairement aux femmes et aux jeunes, tout en garantissant des standards de qualité conformes aux normes internationales (ISO, HACCP).

L’exportation d’amandes transformées – plus rentables que les noix brutes – permet de multiplier par trois la valeur ajoutée locale.

L’État ivoirien, avec l’appui de la Banque Mondiale à travers le Projet de Promotion de la Compétitivité de la Chaine de Valeur de l’Anacarde (PPCA), la Banque Africaine de Développement (BAD) à travers le Projet 2PAI Nord et du Mécanisme de dépôt de garantie pour faciliter l’accès au financement, soutient cette dynamique par :

  • L’opérationnalisation du Centre d’Innovations et de Technologies de l’Anacarde (CITA) à Yamoussoukro ;
  • L’aménagement des zones industrielles dédiées à la transformation agroalimentaire ;
  • La mise en place de subventions et mesures incitatives pour les industriels.


  • L’ARME DE LA TRAÇABILITE ET DU MARKETING “MADE IN COTE D’IVOIRE”

La Côte d’Ivoire n’a pas seulement investi dans les machines. Elle mise sur la traçabilité numérique, la certification biologique et l’image d’un produit africain éthique.

Aussi, on note des actions d’appui à la certification des usines ivoiriennes de transformation de cajou aux normes américaines de sécurité alimentaire à travers le Food Safety Modernization Act (FSMA) afin de faciliter l’accès au marché américain.

Des marques locales comme Zowé, Kaju D’or ou Ivory Cashew conquièrent les marchés européens et américains, offrant un nouveau visage à l’industrie africaine : celui de la transformation durable et du commerce équitable.

L’ambition est claire : faire de l’amande ivoirienne une référence mondiale, à l’instar du café colombien ou du cacao ghanéen.

  • UNE REVOLUTION ECONOMIQUE ET GEOPOLITIQUE
Indicateur Côte d’Ivoire (2024)

Inde

Vietnam
Production annuelle de noix (tonnes)

1,3 million

700 000

500 000

Taux de transformation locale

30 %

90 %

85 %

Exportation d’amandes (tonnes)

210 000

250 000

220 000

Objectif 2026

50 % transformation locale

Source : Conseil du Coton et de l’Anacarde, 2024

Cette montée en puissance ivoirienne rééquilibre les flux mondiaux : l’Afrique, longtemps exportatrice de matières premières, devient un pôle de transformation industrielle et un acteur politique incontournable dans les négociations commerciales.

 « Le temps où l’Afrique exportait sa richesse à l’état brut est révolu. La Côte d’Ivoire montre qu’elle peut transformer, créer des emplois et imposer sa marque dans le commerce mondial. » Souleymane Diarrassouba, Ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME (Forum Anacarde 2024)

  • VERS UN LEADERSHIP AFRICAIN DURABLE

Derrière ce succès se joue une bataille stratégique : celle du leadership africain dans les chaînes de valeur agricoles.

A cet effet, la Côte d’Ivoire est membre fondateur et signataire de la Convention constitutive du Conseil International Consultatif du Cajou (CICC) le 16 novembre 2016 à Abidjan. A ce jour, le CICC compte onze (11) pays membres producteurs de noix de cajou avec son siège à Abidjan.

La Côte d’Ivoire, pionnière dans le cajou, inspire déjà ses voisins du Bénin, du Burkina Faso et du Ghana.

A terme, l’enjeu est d’ancrer sur le continent une industrie complète du cajou, du champ à la tablette de distribution internationale, créant ainsi un modèle économique inclusif, exportable et durable.

Auteur : N’CHO Yapi Patrice, Consultant

Cel : +225 07 09 74 93 11

Mail : arcadiusncho@gmail.com

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