Le troisième rapport annuel du moniteur du commerce agricole en Afrique (AATM) élaboré par Stratégic Analysis and Knowledge Support System (ReSAKSS) et The African Frowth and Development Policy Modeling Consortium (Agrodep) a été publié en septembre 2020.
Cette publication fait l’état des lieux au moment où la pandémie de la Covid-19 a fragilisé la situation alimentaire de plusieurs pays et perturbé les flux commerciaux, notamment interafricains et pour partie informels.
Les principales recommandations dudit rapport se présente comme suit :
- Diversification des destinations des exportations agricoles
Les exportations agricoles africaines, ont affiché une tendance à la hausse entre 2003 et 2018, et se développent dans les pays émergents à croissance rapide.
Ainsi, on enregistre l’augmentation des exportations africaines vers le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et d’autres pays asiatiques, dont l’Arabie saoudite, le Vietnam, les Émirats arabes unis et la Turquie, la Malaisie et le Pakistan.
Selon le rapport, cette diversification s’est traduite par une diminution progressive de la part de l’Union européenne (UE) en tant que destination des exportations africaines, de 45% en 2005-20707 à 36% en 2016–2018.
Malgré la diminution de leur part en volume, en prenant les importations en valeur, l’UE demeure la principale destination des exportations agricoles africaines.
De même, les exportations vers les États-Unis et les destinations intra-africaines ont continuellement augmenté en valeur, mais les parts correspondantes (5 et 20%, respectivement) sont restées inchangées.
- Domination des produits agricoles non transformés à l’export
Les fèves de cacao, les noix de cajou, le tabac, le café, les oranges, le coton fibre, les graines de sésame, le thé noir, la pâte de cacao et les raisins frais sont les 10 produits agricoles les plus exportés de l’Afrique. Ils ont représenté 39% des exportations agricoles africaines sur la période 2016-2018.
- Evolution des produits transformés sur le marché interafricain
Selon la publication, les flux commerciaux intracontinentaux répondent aux nouvelles tendances de la demande alimentaire intérieure. Cela s’est traduit par une évolution progressive des exportations du blé et du maïs, mais surtout des aliments transformés tels que les soupes, les bouillons et les préparations alimentaires.
Le commerce agricole intrarégional est largement dominé par l’Afrique du Sud, le Kenya et l’Égypte. A l’exception de la Côte d’Ivoire en tant que grand exportateur et le Nigéria en tant que grand importateur, les pays d’Afrique occidentale et centrale jouent un rôle marginal dans le commerce agricole en Afrique.
- Sous-estimation du commerce agricole interafricain
Sur la période 2009-2019, environ 22% du commerce agricole africain relève du commerce entre pays africains. Ce pourcentage relativement faible est en fait largement sous-estimé par rapport aux autres continents.
Cette situation corrélée par la forte prédominance du commerce informel transfrontalier, revêt plusieurs réalités :
- le nombre élevé de commerçants ne disposant pas de documents officiels de la profession,
- l’insuffisance des postes frontières officiels facilite la traversée des frontières à des points non couverts par les fonctionnaires pour éviter les contrôles,
- la faible digitalisation des postes frontières réduise des fois le coût des droits d’importation à la frontière par une sous-déclaration ou une classification erronée,
- le développement de la contrebande de marchandises en évitant les agents des douanes.
A titre d’illustration, une étude datant de 2011 de l’INSAE a estimé que le commerce informel entre le Bénin et le Nigeria était cinq fois plus élevé que les exportations officiellement enregistrées.
Ce commerce informel est donc une source importante de revenus mais joue aussi un rôle important dans la sécurité alimentaire. Ainsi en Afrique de l’Ouest, il représenterait 30% du commerce total des aliments de base, selon l’Usaid (2015).
A titre de recommandation, l’objectif des autorités africaines est de « formaliser » le commerce informel. Pour cela, il est nécessaire de réduire les coûts du commerce formel en prenant des mesures pour abaisser les barrières commerciales, pour rendre plus efficace les procédures douanières, pour faciliter les échanges, etc
Certaines de ces mesures sont mises en œuvre dans le cadre des intégrations régionales. Le mouvement devrait s’amplifier avec la Zone de libre-échange continentale (Zelcaf).
Source : Commodafrica
Publication : lacotedivoireagricole